Le Théâtre Forum
– Un théâtre INTERACTIF ET LUDIQUE
La poétique de l’opprimé est d’abord celle d’une libération : le spectateur ne délègue aucun pouvoir pour qu’on agisse ou pense à sa place. Il se libère, agit et pense par lui-même. Le théâtre est action. » Augusto Boal
Transformer des impasses en chemins.
Créé par Augusto Boal, le théâtre forum fait partie des techniques du théâtre de l’opprimé. Il utilise la scène et le jeu comme une action politique qui invite les spectateur·ice·s à intervenir afin de se libérer de situations oppressives.
C’est un spectacle de théâtre interactif qui propose un espace ludique et coopératif pour chercher ensemble des issues à des problématiques partagées. Il permet de faire émerger la parole et la réflexion autour d’un thème choisi, imaginer, essayer, agir et peut-être transformer des impasses en chemins.
Concrètement comment ça se passe ?
Dans un premier temps, les comédien·ne·s jouent de courtes scènes évoquant des situations qui « finissent mal » : un ou plusieurs des personnages rencontrent des problèmes non résolus, vivent des situations d’injustice.
Puis ces scènes sont jouées une seconde fois exactement de la même manière et le public peut à tout moment dire « Stop » pour arrêter l’action. À partir de ce moment, les spectacteur·ice·s peuvent intégrer la scène, soit en remplaçant le personnage en difficulté, soit en ajoutant un personnage pour tenter de faire évoluer la situation et changer la scène. Les idées de chacun·e·s sont alors mises en pratique.
Un espace pour s’empouvoirer.
En remplaçant le personnage opprimé, les spectateur·ice·s deviennent spectActeur·ice·s : face aux acteur·ice·s et confronté·e·s à la scène initiale, iels expérimentent un peu de la situation du personnage opprimé, ce qui participe, entre autres, à développer l’empathie, et iels testent « en situation » les conséquences et l’efficacité de leurs propositions. Cette posture ainsi que l’outil en lui-même permettent de développer chez les participant·e·s la croyance en la possibilité de trouver leurs propres ressources, quand on ressort de la représentation, on se sent capable d’agir.
Un espace d’expérimentation en toute sécurité.
Il ne s’agit pas d’apporter un message ou de trouver la bonne réponse, mais d’expérimenter ensemble, sur scène, des alternatives possibles. Les thématiques peuvent être très diverses : harcèlement, violences, discriminations, vie affective et sexuelle, etc…. La distanciation propre au théâtre permet d’évoquer ces situations, difficultés, peurs, qui sont connues voire vécues, sans avoir à parler directement de soi.
Un exemple : une scène de harcèlement sexuel au travail
Imaginez sur scène, un bureau où travaillent trois personnes. Lorsque la protagoniste se lève pour aller à l’imprimante, un de ses collègues fait une réflexion sur la façon dont son pantalon moule ses fesses. Le deuxième collègue ne dit rien et la protagoniste ouvre la bouche, se ravise et retourne s’asseoir à son bureau sous les œillades du premier.
La scène est jouée devant le public une première fois, qui est ensuite invité à s’interroger : est-ce une scène à laquelle j’ai déjà assisté dans ma vie ? Que se passe-t-il pour les personnages ? Qui est en difficulté ? Si j’étais à la place de tel ou tel personnage, comment ferais-je pour que les choses se passent mieux ?
Alors la scène est rejouée, et chaque spectateur·ice peut stopper l’action en cours, afin de venir remplacer la protagoniste ou le collègue qui ne dit mot ou pour ajouter un personnage (patron, client, famille ou autre collègue…). La scène reprend alors avec cette nouvelle personne, s’improvise et se développe afin de tendre vers une situation plus souhaitable.
Après cette proposition, le public va pouvoir faire un nouvel état des lieux afin d’observer ce que l’intervention a transformé. La scène reprendra ensuite avec d’autres spectActeur·ice.s. Il y aura plusieurs versions et tentatives, pas de bonne et unique réponse, mais bien une réflexion et une action collectives et solidaires.